Le ministère rwandais de la défense analyse les explosifs qui auraient été saisis sur Phocas Ndayizera. L’analyse est faite depuis plus d’un an sans aboutir aux résultats. Ce mercredi le 8 janvier 2020 a commencé la reprise du procès du journaliste Phocas Ndayizera et ses co-accusés. Selon le parquet rwandais Phocas Ndayizera aurait été arrêté avec sur lui des explosifs dans l’objectif de faire sauter les infrastructures du Rwanda comme les tanks, les ponts et autres. C’est à ce titre qu’il le poursuit.
Lorsque l’on a demandé au parquet d’étayer ses accusations, notamment comment il pouvait affirmer que les explosifs saisis devaient servir à détruire les infrastructures alors qu’aucun expert en la matière n’avait fait des analyses, le parquet a répondu que le ministre de la défense analysait les explosifs en question depuis plus d’un an et qu’il n’avait toujours pas communiqué au parquet les résultats de l’analyse.
La journée était consacrée à Phocas Ndayizera. Il a nié tout ce qu’il lui est reproché et a plaidé non coupable pour l’ensemble. Il a déclaré au tribunal avoir avoué et accepté de signer les rapports des auditions l’accusant après été « torturé ». Pour lui le motif de sa poursuite est ses liens avec Cassien Ntamuhanga. Il a déclaré le connaitre depuis qu’ils étaient enfants et lorsque ce dernier était journaliste. Il a nié toute collaboration avec Ntamuhanga visant à enfreindre la loi.
Parmi ses co-accusés, Ndayizera a dit connaitre seulement Eliakim Karangwa dont ils allaient investir ensemble dans des projets informatiques. Il a vu les autres pour la première fois au tribunal.
Le ministère public reproche à Ndayizera et ses co-accusés « le projet de détruire les infrastructures du pays dans l’objectif de montrer qu’il y a une insécurité au Rwanda ».
A la précédente séance, il leur avait été reprochés d’être des leaders d’un groupe au Rwanda piloté par Cassien Ntamuhanga. Il aurait envoyé des explosifs de type « dynamites » à Phocas Ndayizera qui devait s’en servir pour faire sauter les infrastructures de l’Etat comme les ponts, les usines de production électrique et des réservoirs d’essence.
Le parquet a continué d’accuser le journaliste d’avoir voulu monter un groupe pour l’aider, composé des experts informatiques et Karangwa Eliakim dont le rôle était de monter ces explosifs pour qu’ils soient utilisables.
C n’est pas la première fois que le pouvoir de Paul Kagame se sent menacé par la jeunesse, réagit en fabriquant des fausses accusations contre elle et la soumet à la torture pour obtenir des aveux des crimes fabriqués de toutes pièces. Le régime va parfois jusqu’ à utiliser des faux témoins pour qu’ils enfoncent les accusés et les paye ne fois leur mission accomplie !
L’utilisation problématique de la torture pour obtenir des aveux forcés est devenue récurrente dans plusieurs procès et surtout dans ceux des personnes dont on accuse de critiquer ce qui ne va pas au Rwanda ou ceux qui essayent de sensibiliser les Rwandais pour qu’ils demandent le respect de leurs droits.
Le procès continuera le 5 février 2020
Emmanuel Nyemazi
Région Sud
Version originale en Kinyarwanda
Traduit en français par Nema Ange