Note de l’auteur : cet article a été publié le 30 décembre 2019 sur le site : www.jambonews.net.
Cette republication vient comme un rappel au gouvernement rwandais et au maire de Kigali, que l’histoire ne peut pas être indéfiniment une répétition. Les 6000 pauvres de Kigali que vous avez brutalisé, dont 4000 personnes que vous avez laissées à l’abandon en décembre 2019 n’ont pas satisfait votre besoin de faire du mal au peuple rwandais.
Les images poignantes des femmes et de leurs enfants dormant dehors sous la pluie parce que vous avez détruit leur toit, ces personnes qui errent au Rwanda privés d’un chez eux seront indélébiles et un jour entreront dans les pages de l’Histoire du Rwanda comme un malheur qui s’est abattu sur le Rwanda avec vous à l’œuvre. Vous avancez vouloir protéger leurs vies, en réalité les images parlent d’elles-mêmes, vous les enfoncez. Au moment où nous avions les yens rivés sur vous, sur l’action réparatrice que vous auriez pu mettre en place, habitués à votre méchanceté sans limite, nous n’avons pas été surpris de vous voir annoncer vouloir recommencer, cette fois-ci sur plus de 1000 familles, le seul fautif de votre action inhumaine de de décembre 2019, selon vous, sont les journalistes dont vous exigez la solidarité pour la prochaine fois.
Si vous pouviez écouter le témoignage de ce monsieur, il est sorti miraculeusement de 15 ans de comas et vous l’avez enfoncé dans un autre coma en détruisant son habitation. Le voici condamné de vivre sous une falaise, dans une maison que les autorités locales payent le loyer de temps en temps. Selon lui “Dieu est en nous, il demande aux Rwandais de ne pas avoir peur, selon lui votre œuvre est celui de Satan”. Si vous pouviez l’écouter et faire un acte de repentance en posant pour une fois une bonne action.
L’article initial
Aux alentours du 10 décembre 2019, les habitants des « zones à risque », celles que la ville de Kigali considère comme inondables ou marécageuses, ont reçu l’ordre ferme de quitter les lieux sous quinze jours. Deux jours plus tard, selon les témoignages d’une partie d’entre eux, la police rwandaise, le personnel du DASSO (Organe d’appui à la sécurité administrative du district en français) ainsi que les autorités locales ont rendu visite aux personnes concernées vers minuit pour les avertir qu’ils devaient partir dès le lendemain matin au plus tard. Le 13 décembre 2019, très tôt dans la matinée, la démolition des maisons a commencé. A partir de ce moment-là, de nombreuses images ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Sur celles-ci on voit des civils munis d’outils de fortune (pics, marteaux, houes…) en train de détruire avec acharnement les maisons d’autres civils sous la discrète surveillance de policiers armés et ceci en présence du public ébahi par ce qui se passe. On voit aussi des personnes détruire eux-mêmes leurs maisons afin d’obéir aux autorités et récupérer les matériaux de fortune (portes, fenêtres, tôles). Les images montrent aussi des personnes allant d’enfants en bas âge à des nonagénaires, certains en train de cuisiner alors que d’autres s’endorment dans la rue près des décombres de leurs maisons, en compagnie des matériaux récupérés. L’article revient sur ces démolitions qui semblent être l’aboutissement d’un programme décidé du plus haut sommet du pouvoir rwandais, sur les témoignages des personnes expulsées et les différentes réactions des acteurs de la société rwandaise.
De 2017 à 2019 qu’est-ce qui a changé ?
Le sujet de reloger ceux qui habitent les « zones à risque »remonte à 2017. Une partie des habitants de ces quartiers ont reçu des courriers leur demandant de quitter les lieux. Depuis, selon les autorités rwandaises ils auraient fait la sourde oreille. Les concernés disent que le dialogue et les négociations sur la contrepartie à percevoir était en cours et qu’une fois indemnisés, ils allaient se réinstaller ailleurs.
Le changement de méthode, le passage du dialogue à la force pour faire partir les personnes a été attribué dans un premier temps aux autorités locales. Celles-ci ont refusé de répondre aux questions des journalistes, répétant sans cesser que l’action visait le bien-être des citoyens. Mais rapidement il s’est avéré que le ministère de l’Administration locale ainsi que la mairie de Kigali avaient interdit aux autorités locales de répondre aux questions des journalistes[1].
Les images ont choqué l’opinion rwandaise, y compris celle qui soutient habituellement le pouvoir en place. Une conférence de presse a été organisée le 18 décembre 2019 à laquelle cinq ministres rwandais, quatre gouverneurs des provinces du pays ainsi que trois maires des districts composant la ville de Kigali participaient. Ils ont expliqué que les démolitions étaient une mesure préventive contre le risque d’inondation « le gouvernement rwandais n’allait pas attendre que les inondations emportent des vies pour agir dans la mesure où en 2018 elles ont emporté 280 vies ».
Le ministre de l’Administration locale Anastase SHYAKA, qui dirigeait la réunion a fait le bilan humain résultant de l’opération : « 6 000 personnes ont été expulsées de leurs habitations : 1 500 personnes ont été logées dans des locations prises en charge par l’État rwandais, 300 personnes ont étés logées dans des classes d’écoles et 4 000 personnes sont logées par leurs voisins ou familles. »[2]. Pour l’avenir il a informé que les constructions dans les bidonvilles ou dans les zones à risque ne seront plus tolérées[3]. Il n’a pas dit un mot sur les personnes qui campent dans les ruines de leurs maisons et parfois sous la pluie, ni sur les personnes qui avaient hypothéqué les maisons détruites.
Cette opération de démolition, dont la brutalité et le manque de délai de préavis pour les habitants a surpris beaucoup de Rwandais, avait pourtant été annoncée aux journalistes le 28 août 2019 par le nouveau maire de Kigali, Pudence RUBINGISA. Il avait déclaré à propos des habitants de la zone de Nyarutarama, l’une des zones touchées qu’ « ils habitent dans un endroit inquiétant…il faut donc les reloger dans un meilleur endroit ». Les concernés acceptaient de partir s’ils étaient indemnisés à la hauteur de la valeur de leurs parcelles.
Le maire de Kigali, Pudence RUBINGISA, qui porte cette opération est un homme du président Paul Kagame en attestent les circonstances dans lesquelles il est devenu maire de la capitale. En effet le 26 juillet 2019 le parlement rwandais a adopté la modification de la loi relative au fonctionnement de la ville de Kigali. Deux changements majeurs y ont été décidés. Le premier concerne la prérogative du président de la République quant à la nomination de cinq parmi les sept conseillers de la ville de Kigali. Le second porte sur la centralisation au niveau de la ville de Kigali de tout le pouvoir de gestion administrative et financière qui relevait auparavant du comité exécutif de chacun des trois districts composant la ville de Kigali[4].
C’est ainsi que le 17 août 2019, au terme d’un vote où les électeurs (les conseillers de la ville de Kigali) étaient en majorité des personnes nommées par le président Paul Kagame, Pudence RUBINGISA est sorti d’un placard doré pour devenir le maire de la ville de Kigali, fonction qu’il cumule depuis le 30 septembre 2019 avec celle de chairman du parti FPR pour la ville de Kigali. En septembre 2017, il avait été obligé de quitter le poste de vice-recteur administratif et financier de l’Université du Rwanda à la suite de soupçons de détournement de fonds (près d’un milliard des Francs rwandais) qui pesaient sur lui. Il a été poursuivi et mis en détention provisoire par le Tribunal de Première Instance de Nyarugenge[5] en 2017 avant d’être libéré par la Haute Cour de Kigali en 2018 dans des circonstances qui ont interpellées le vice-président du parlement rwandais Abbas MUKAMA. Ce dernier a exprimé son incompréhension mais sans obtenir des réponses[6]. Avant de devenir le maire de Kigali, Pudence RUBINGISA occupait le poste de directeur de gestion pour la société Intare Investement situé au siège du parti au pouvoir le FPR à Kicukiro[7].
Le président Paul Kagame, dont la position sur les démolitions était tant attendue après que toutes les victimes avaient sollicité son aide personnelle, a pris la parole le 19 décembre 2019 à l’occasion du dialogue national annuel « Umushyikirano ». A la grande surprise des victimes, il a fermement soutenu ceux qui supervisent l’opération de démolition et d’expulsion. Selon lui le seul faux pas a été la mauvaise communication des dirigeants locaux : « les habitations des citoyens ont été démolies mais pourquoi ceux qui ont supervisé cette opération, y compris les ministres, ne le communiquent pas convenablement auprès du peuple ? Les conséquences sont nombreuses et cela finit en politique. Pourquoi procédez-vous ainsi, pourquoi n’arrivez-vous pas à mieux communiquer vos actions ? ». Pour lui, ceux qui ont des titres de propriété fonciers devraient être indemnisés « ce sont eux qui doivent être indemnisés, cela se passe ainsi, tu fais l’inventaire et tu lui donnes une contrepartie en proportionnelle parce que si tu le laisses dans cette zone, la pluie ne l’emportera-t-elle pas ? Nous ne pouvons rien contre les ravalements des collines, si tu refuses de partir, c’est peut-être l’inondation qui te fera partir ». Bien que une partie des expulsés habitaient dans les « zones à risques » depuis les années quatre-vingt, il a reporté la faute sur les autorités qui délivrent l’autorisation d’y habiter et aux personnes concernées : “Vous les autorités sur quelle base vous délivrez l’autorisation d’habiter dans les marécages ? Qui est le propriétaire des marécages ? Quelle est leur utilité ? Celui qui réclame une indemnité avent d’être expulsé, seras-tu indemnisé pour une terre qui ne t’appartient pas ? ».[8]
Les victimes de ces démolitions continuent de crier pour demander de l’aide, parfois au bord des larmes ou en larmes, épuisées par les conditions de leur survie (dormir dehors sous la pluie). Elles se demandent si elles sont considérées par les autorités de leurs pays, le Rwanda, comme des humains ou des citoyens de seconde zone.
Les démolitions se font principalement dans les localités de Kinamba, Gatsata, Urugero (ancien quartier de Kaninja) Gisozi, Kinyinya, Rwampara, Gikondo, INILAK, Rwandex (communément appelée South Africa), Bannyahe, Rukiri, Gahanga, Mulindi, Kibagabaga, Kiruhura et autres.
Les témoignages des habitants des zones concernées
C’est la première vidéo qui a été mise en ligne par FLASH TV. Dans le quartier de Rwampara les autorités rwandaises avaient demandé aux habitants de partir sous un délai d’une heure pour s’installer dans les locaux de l’école primaire de Camp-Kigali. Les habitants n’ont pas obtempéré, réclamant une indemnité avant de partir.
Un grand-père de plus de 80 ans raconte : « Nous habitons ici depuis 1989, donc plus de trente ans. Je suis grand-père, je suis très étonné, il n’y jamais eu d’inondations. Comment les autorités (le secrétaire exécutif du District de Nyarugenge et la police rwandaise) peuvent venir et nous ordonner de partir sans même nous donner un sou ? Nous sommes pour le développement, les autorités peuvent venir faire des estimations et acheter nos terrains, après nous allons partir chercher un autre lieu pour loger nos familles. Ils sont venus à 15h et nous ont demandé d’avoir quitté les lieux à 16h, comment est-ce possible ? Vous, journalistes plaidez pour nous ! Nos difficultés sont qu’ils veulent faire de nous des réfugiés alors que nous avions un chez nous… Au-delà des indemnités nous aimerions avoir un délai d’un mois pour trouver un autre lieu, nous ne sommes pas des chèvres que l’on achète…le Rwanda est en paix on ne peut plus utiliser la terreur contre nous, nous ne voulons pas être réfugiés dans notre propre pays, nous avons des titres fonciers et nous payons la taxe d’habitation chaque année.»
Un père de famille : « Je ne peux pas partir en laissant ma maison qui m’a pris beaucoup d’effort pour la construire. Je vais aller à Camp Kigali, mes enfants vont y attraper des maladies, je préfèrerais mourir ici à coté de ma maison. Comme le grand-père vient de te dire, si toutes les conditions sont réunies, nous allons accepter de partir, notre tristesse est que l’on nous dise : sortez de vos maisons et partez. Le policier est venu nous demander de déguerpir, il nous a dit que celui qui ne voudra pas, il le fera dans de mauvaises conditions. »
Une mère de famille, 35 ans : « Pourquoi allons-nous devenir des réfugiés alors qu’il n’y a pas la guerre ? J’ai grandi ici, en trente-cinq ans, je n’ai jamais vu ni entendu qu’une maison ait été inondée. Peut-on demander à un locataire qui vient de payer le loyer de sortir de la maison dans l’immédiat sans que rien ne justifie la rapidité ? Ils nous ont pris au dépourvu, je n’étais pas là, on m’a prévenu pour que je revienne voir les enfants. »
Slimane HAKIZIMANA « j’habite ici, nous n’allons pas à Camp-Kigali car nous ne voulons pas laisser nos maisons seules, nous voulons partir après avoir été indemnisés. Ils ne nous ont pas prévenus. Dans un premier temps ils n’ont pas voulu nous donner les fiches de parcelles, quelques années plus tard, ils ont évalué le terrain et nous ont dit que ce n’est pas une zone inondable mais qu’il y avait des infrastructures prévues pour l’endroit dans le programme vision 2020. Si c’est le moment de mettre en place ces infrastructures, que nous soyons indemnisés et nous partirons. »
Mises en ligne Ukwezi TV, ce sont les premières images de démolitions. Les habitants du quartier de Kiruhura expriment le déracinement qu’ils viennent de subir :
Riziki MUKAMANA, une grand-mère de 72 ans : « Je suis née ici, j’ai 72 ans. J’ai été surprise que les personnes soient venues démolir nos maisons en nous demandant d’enlever nos affaires et de partir sans aucune indemnité. Ils ne nous ont rien donné, nous dormons dehors sous la pluie avec nos enfants, c’est un gros souci. Ils ne nous ont pas prévenus, ils sont venus faire l’inventaire et nous ont dit que nous allions être indemnisés. La police, le responsable du quartier et les agents du DASSO sont revenus hier à 23h pour nous informer que le matin nous aurons à plier bagages et quitter la maison. Tôt le matin ils sont venus démolir la maison. Vous comprenez que c’est une situation extrêmement triste, une mamie de 72 ans ! Ils m’ont réveillée avec les enfants et les petits enfants et me voilà dehors avec eux sous la pluie alors que nous avions une maison. Nous avons des titres fonciers et nous payons la taxe foncière tous les ans. C’est triste et désolant. J’attends qu’ils finissent de démolir ma maison et je reviendrai avec mes affaires pour dormir dans les décombres. Aucune mort ne peut dépasser celle-ci ! Je suis née ici, je n’ai pas les moyens et nulle part où aller avec mes enfants. Je vis avec quatre d’entre eux ici. »
Pascasie MASENGESHO, une mère de famille de quatre enfants : « Notre souci est qu’ils nous ont sortis de la maison sans un autre endroit où aller. Nous sommes sous la pluie avec nos affaires, les autorités assistent au spectacle sans nous aider, ce qu’elles demandent est que toutes les affaires soient enlevées. On va aller où, comment allons-nous vivre ? Nous avons été prévenus à minuit que nous devions chercher un endroit où aller, le matin ils sont venus démolir. Nous demandons à être aidés, nous n’avons reçu aucune compensation alors qu’ils nous l’avaient promise. Ils sont venus mercredi et nous ont laissé un papier pour que les locataires nous soyons partis en 15 jours. Deux jours après ils sont venus tout démolir. »
Jean de Dieu MBABAZI, un jeune homme : « C’est notre maison qu’ils démolissent, nous n’avons pas où vivre, nos affaires ont été jetées dehors comme si nous étions des délinquants ! Nous demandons l’aide des autorités, nous n’allons pas devenir des sans-abris comme des délinquants. Ce qu’ils viennent de faire ne va pas aider les gens, les gens vont devenir des délinquants. Aucune personne saine d’esprit ne se met à démolir la maison d’une autre. »
Dans cette zone habitée par des commerçants, des locataires et des propriétaires, les gens ont été surpris par l’arrivée de la police rwandaise, les autorités locales et les agents du DASSO qui les ont forcés à quitter leurs locaux ou habitations, à sortir leurs affaires avant la démolition. Leurs témoignages auprès d’Ibicu TV :
Une commerçante : « Le local nous appartient, on y travaillait. Nous ne savons pas où aller, nous allons mettre dans les cartons nos marchandises et les emporter chez nous. Le problème est qu’ils nous demandent d’arrêter de travailler alors que nous allons continuer à payer les impôts. Nous demandons à ce qu’ils nous mettent à disposition de nouveaux locaux ou qu’ils suspendent les impôts. Nous ne nions pas le problème d’inondation, la rivière Nyabarongo est en train de monter, le problème est la rapidité avec laquelle c’est fait, nous ne pouvons pas nous retourner. »
Clémentine AKIMANA comme Jeanne BARAYIGWIZA vendent du poisson, elles ont la même histoire : « Je me sers de ce local pour préparer les poissons, hier nous avons payé le loyer et ils sont venus aujourd’hui pour nous demander de partir. Nous sommes une famille de trois. Même quand le Nyabarongo montait elle retournait dans son lit. Nous ne savons pas où aller, nous allons dormir par terre, nos affaires sont là-bas dans la cour. Nous demandons de l’aide. S’ils rendent l’argent au propriétaire il va nous rendre le loyer que nous venons de payer. »
Une dame dans la cinquantaine, propriétaire : « Mon problème est qu’ils nous disent qu’ils vont nous indemniser sans nous dire à quel moment, ils nous demandent d’aller louer ailleurs, mais comment, qui va payer ? J’ai une famille de 6 personnes et un élevage de vaches et de cochons, qui va nous héberger ? S’ils nous avaient laissé une semaine ou un mois, cela nous aurait permis de nous préparer. Nous aimons nos vies aussi, nous aurions pu nous arranger. Nous demandons à ce qu’ils nous trouvent des hébergements provisoires. Parfois ils résolvent un problème tout en en créant un autre, ils pensent nous aider alors qu’ils viennent de nous enfoncer. »
Une dame dans la trentaine : « nous avions des maisons at avions fini de payer les crédits, ils nous ont surpris et demandé de quitter les maisons vite, nous avons sorti nos affaires parce que nous respectons les autorités. C’est la fin de nos commerces, c’est une faillite, nous avons des enfants, des membres de familles que nous soutenons, bientôt nous allons avancer les frais scolaires. Même s’il y a risque d’inondation, il aurait fallu nous prévenir et nous laisser le temps. L’état qui a le devoir de défendre les intérêts du peuple devrait nous défendre nous aussi et nous permettre de déménager dans de bonnes conditions. »
Vénéranda NYIRAMATAMA, 69 ans n’est pas concernée mais soutient les victimes : « Nous n’avons pas vu d’inondations. Même s’il y en avait eu les autorités auraient pu les prévenir. Vous voyez ces vaches, ces casseroles, … vont-ils les transporter sur leurs têtes ? Y aura-t-il un endroit où les mettre en si peu de temps ? Les personnes n’ont pas été prévenues, que l’on leur donne trois jours, une semaine pour se préparer… »
Le secrétaire exécutif du secteur de Gahanga a déclaré auprès d’Ibicu TV que les locataires ne devraient pas se plaindre dans la mesure où il leur suffit de trouver un autre endroit où louer pour le même loyer. Quant aux propriétaires pour lui ils ont les moyens et d’autres terrains pour se retourner.
Dans cette vidéo mise en ligne par Ishema TV, pendant que les citoyens mandatés par les autorités rwandaises démolissent les habitations des autres citoyens à coups de cris jubilatoires, à coup de marteau ou autres, ceux qui assistent impuissant à la démolition de leurs biens prennent les journalistes à témoin.
Angélique NYITARAZUBA, jeune mère : « J’étais partie faire un petit boulot, laver le linge sale pour une autre famille. Lorsque je suis revenue ma maison avait été démolie, je n’ai rien pu récupérer, tout était devenu boueux. Ils sont venus hier et ne nous ont pas demandé de partir. C’est si soudain, nous n’avons pas eu le temps de nous préparer. Actuellement nous n’avons nulle part où aller. L’adjoint du maire est venu et nous a dit que celui qui n’a pas d’argent, ils allaient lui en donner ou compléter ce qu’il a. Cela a-t-il été fait ? Pourquoi le district ou la cellule nous disent que la zone peut être inondée mais que le propriétaire de la maison peut rester ? Ce n’est pas logique, n’est-il pas humain lui aussi ? J’habite ici depuis 2006, j’ai eu quatre enfants, trois garçons et une fille, je n’ai jamais eu de problèmes, aucune inondation. Je suis prise au dépourvu, je n’ai que 1.000 Frw (environ 1€) sur moi, je ne sais pas où aller. Nous demandons de l’aide de l’état rwandais. Les autorités peuvent nous héberger comme ils l’ont fait pour les habitants de Nyarugenge (un autre district de la ville de Kigali) hébergés dans des locaux scolaires. Je vais dormir dehors, je n’ai pas droit à une indemnisation, un de mes enfants va aller à l’école secondaire [au collège]. L’État rwandais ne m’a jamais aidé, je n’ai pas droit à la mutuelle alors que les riches en touchent. Comme vous me voyez je n’ai jamais rien touché de la part des autorités, si je pleure c’est que je suis triste. Je n’ai nulle part où aller je vais dormir dehors avec mes enfants sous la pluie, c’est notre seule alternative. »
Un père de famille Pelletit NTIRANDEKURA : « J’ai une famille de neuf enfants, je louais une maison ici, j’avais déjà payé deux mois de loyer. Je venais d’y passer 15 jours. Hier, ils sont venus nous voir pour nous demander de partir. Je commençais à réfléchir comment trouver une autre maison. Nous acceptons que cette zone soit inondable mais on ne peut pas demander à un locataire qui a avancé deux mois de loyer de quitter la maison en douze jours. Hier ils nous ont demandé de ne pas dormir dans les maisons. Allions-nous dormir dehors pour qu’ils puissent faire ce qui était prévu ?… Nous n’avons nulle part où aller. Nous aimons nos vies, si nous vivons dans des zones inondables c’est par manque de choix, ici je paye un loyer de 15 000 Frw (environ 15€), si je ne les ai pas le propriétaire est arrangeant, il peut me laisser le temps pour les chercher. Je fais partie de la première catégorie des pauvres, l’État rwandais n’est pas dupe, ce sont ses fonctionnaires qui veulent faire semblant. Je bénéficie d’une mutuelle car je suis pauvre et on me demande d’aller vivre dans un immeuble avec un loyer fixe alors que je n’ai pas fait d’études et j’enchaîne les petits boulots pour nourrir mes enfants. Je peux déménager d’ici, pas dans la précipitation mais avec une préparation. Nous ne nous sentons pas bien, nous sommes comme des morts-vivants. »
Un adolescent : « Ils sont venus vers 6h30, je dormais et allais me préparer pour aller à l’école. Je leur ai dit que je ne savais pas quoi faire car mon père était en voyage. Ils m’ont demandé de sortir, j’ai pu sortir quelques affaires et ils ont démoli la maison avec les affaires à l’intérieur. Je ne sais pas quoi faire, je ne suis pas allé à l’école, mon père n’est pas là, je ne me sens pas bien. Ma survie, ma vie est un mystère pour moi. »
– 16 décembre 2019 à Nyarutarama : Les habitants des zones à risque choisissent de démolir eux-mêmes leurs maisons
A Nyarutarama, dans le quartier Bannyahe (littéralement « Où défèquent-ils ? »), les autorités locales, accompagnées des autorités chargées de la sécurité, sont venues le 13 décembre 2019 démolir les maisons des habitants et en utilisant la force. Les habitants du quartier ayant résisté, ils sont revenus le lendemain et ont ordonné à chacun de détruire sa propre maison. Ceux qui ont résisté ont été menottés et emprisonnés. Plus de 130 maisons ont été démolies.
En larmes ou au bord des larmes les habitants ont accepté de raconter leur désarroi à la Voix de l’Amérique :
Un père de famille : « Hier l’État rwandais nous a ordonné de démolir nous-même nos maisons pour devenir des réfugiés ! Avant de construire ces maisons nous avions achetés les terrains, aujourd’hui ils disent que ce sont des marécages, en voyez-vous ? C’est une injustice inhumaine. Celui qui ne détruit pas sa maison, ils viendront eux-mêmes l’abattre et le battre aussi. Demandez de l’aide pour nous, nous devenons des réfugiés. Pourtant j’ai construit ma maison sous le regard de l’État rwandais. J’en tirais les frais de scolarité pour mes enfants qui sont en secondaire. C’est fini, ils vont être déscolarisés ! Où trouverai-je leur frais de scolarité ? Ils vont devenir des délinquants et des prostituées. »
Un jeune homme : « Je n’ai pas d’autre endroit où aller, ma femme et moi allons devenir des vagabonds. Quelle possibilité nous laissez-vous pour l’éducation de nos enfants ? Il n’y a pas plus grande méchanceté que ce qui vient de se passer, vous qui êtes journaliste, y a-t-il une guerre plus grande que celle-ci ? »
Un homme : « Ils nous ont promis qu’ils construiront pour nous des maisons et nous ont donné deux mois de loyer, 60.000Frw (environ 60€), pour nous reloger en attendant. Nous les avons acceptés, nous aimons et obéissons à l’Etat rwandais, nous allons voir s’ils tiennent leur promesse. Mais je demande de l’aide au président de la république, si c’est nécessaire, il peut nous venir à l’aide, nous n’avons pas voulu nous confronter à ce que l’on voyait, il y’en a qui étaient menottés, emprisonnés, nous avons capitulé ».
Une mère aux bords des larmes : « aux réfugiés [NDLR : les réfugiés africains qui étaient bloqués en Lybie, aujourd’hui accueillis au Rwanda] vous leur fournissez un logement, nous, nous allons faire dormir nos enfants dehors ! Nous sommes abandonnés. Nous ne valons rien, il n’y a que les réfugiés qui comptent, les Rwandais ne valent plus rien ! Suis-je encore humaine ? »
Une jeune fille en pleurant : « je venais de louer la maison il n’y a même pas une semaine, j’ai donné tout mon argent au propriétaire, il ne veut même pas me donner de l’argent pour acheter un billet de transport ! Je vais rester là, je ne sais pas quoi faire ».
Une autre dame : « Les autorités viennent de nous ramener aux pages sombres des années 1994, lorsqu’une personne venait, te sortait de ta maison et la détruisait. Cela recommence. »
Si toutes ces personnes disent qu’elles vont dormir dehors, peut-être sous la pluie, le sort de celles hébergées dans des locaux scolaires n’est pas à envier. Une personne âgée raconte ainsi : « je vais mourir de faim, ils nous ont jetés dans cet endroit sans nous donner à manger. Comment peux-tu prétendre agir pour qu’une personne ne meure pas et la laisser mourir de faim ? La protèges-tu vraiment ou veux-tu la tuer crument ? Ils ne m’ont pas amené ici pour me protéger mais pour me tuer sous leurs yeux. »
Cela faisait deux ans que les habitants de Nyarutarama faisaient de la résistance en refusant d’être exproprié sans être indemnisés à la hauteur de leurs biens. Le journaliste rwandais qui travaille en exil Marc MATABARO semble avoir suivi l’histoire de ce quartier et a réagi sur Facebook : « ce qui est le plus triste c’est qu’une partie de ces citoyens dit qu’ils avaient les titres fonciers, qu’ils payent leurs taxes foncières. Comment l’Etat rwandais peut-il expliquer qu’il perçoit les taxes foncières des zones qu’il considère comme à risque ? Les autorités auraient dû demander aux habitants de partir au lieu de donner des titres des propriétés et de percevoir des taxes foncières puis de démolir leurs habitations. J’ai vu que les habitants du quartier de Bannyahe, qui demandaient une compensation avant d’aller louer dans les appartements de Denis KARERA ont vu leurs habitations détruites, cela résout le problème de l’indemnisation et ils n’ont plus que le choix d’aller louer dans les appartements de Denis KARERA [NDLR : ancien chef de la police rwandaise, il est devenu homme d’affaires et est le frère du ministre de la Justice Johnston Busingye]. »
12 décembre 2019 à Nyagatovu et Rwandex : Cela nous rappelle la période sombre d’avril 1994
Près de Rwandex, les anciens propriétaires et locataires devenus sans abri traversent une période de fin d’année. L’amertume, la déception et la colère transparaissent dans une vidéo mise en ligne par Ishakiro TV.
Une jeune femme raconte « Ils ne nous ont jamais dit de ne pas habiter ici, par contre il y a quelques mois, les autorités locales nous ont demandé de rénover certaines de nos maisons, de mettre de la peinture et de nouvelles portes lorsque c’était nécessaire. J’ai pleuré et je me sens traumatisée. Ce qui nous arrive en ce moment nous rappelle bien la période sombre d’avril 1994 mais je ne vais pas le dire à haute voix, mes voisins qui ont fait le même commentaire ont été jetés en prison. »
Dans une autre vidéo publiée par Umubavu TV, une jeune mère ancienne propriétaire est en train de faire la cuisine à ciel ouvert sur les ruines de son ancienne maison. Elle raconte avoir dormi dehors avec son bébé. Elle dit avoir commencé à vendre le peu de matériels (portes, fenêtres) qui reste de sa maison démolie, qu’elle n’a nulle part où aller et qu’elle va commencer à vagabonder. A l’arrière-plan, une voix chuchote « Kigali sent mauvais, ceux qui sont en prison vivent mieux que nous. Je préfère vivre en prison dans des meilleures conditions que dormir sur les ruines de ma maison. Le banditisme et la prostitution vont augmenter. »
Une autre voix, faisant référence à l’allocution de Paul Kagame lors du dialogue national, a dit au journaliste : « filmez-nous bien, filmez tout ce qui se passe ici et allez le montre à Paul Kagame pour qu’il puisse constater à quel point nous sommes dépourvus de tout. Nous allons devenir des crapauds.»
Un homme dans la cinquantaine a exprimé sa déception : « Comment allons-nous faire avec ces petits-enfants, où irons-nous ? Nous allons devenir des réfugiés dans notre propre pays. Les réfugiés qui viennent dans notre pays sont mieux accueillis et bien traités, mais nous, on est dans le dénuement complet. Nous n’avons plus de valeur dans notre propre pays. »[9]
Le journaliste d’Umubavu TV a été frappé par les agents du DASSO lorsqu’il couvrait à Nyagatovu dans le district de Gasabo (un des districts de Kigali) la démolition des maisons[10].
Les réactions des acteurs de la société rwandaise
L’opposante politique et présidente de DALFA a dénoncé la brutalité et l’absence de solution à long terme.
Après son communiqué de Presse du 15 décembre 2019, Victoire Ingabire Umuhoza s’est exprimée au micro de la BBC[11]:
« Un responsable local qui détruit la maison d’un citoyen sous
son autorité et sa protection et le transforme en sans-abri pense-t-il vraiment
avoir accompli son devoir ? Les femmes responsables locales, mères de
famille ont osé expulser les autres mères de familles sans se poser de question
sur le sort des enfants en bas âge. Ils vont commencer à dormir dehors sous la
pluie, c’est une situation très inquiétante… Ceci montre que notre
gouvernement n’a pas de planification, car ces gens qui sont expulsés de leurs
maisons disent qu’ils y ont habité depuis plus de 20 ans, cela veut dire que le
gouvernement aurait dû préparer de nouvelles habitations pour ces gens avant de
les expulser brutalement. Maintenant leurs maisons sont détruites, la plupart
d’entre eux sont nés là-bas y ont habité pendant plus de 30 ans, ils deviennent
des sans-abris… Un des points négatifs caractéristiques du FPR que je critique
et sur lequel j’insiste est l’impression que le parti donne de ne pas avoir le
temps de réfléchir aux défis du pays. C’est pourquoi le FPR prend les décisions
à la hâte et sans réflexion à chaque fois. Ce qu’il faut faire dans
l’immédiat, c’est indemniser ces gens selon la loi. Expulser quelqu’un de son
habitation, c’est lui compliquer la vie mais cela s’atténue lorsque tu lui
donne les moyens de s’installer ailleurs. Maintenant l’Etat a démoli leurs
maisons et il sait très bien que ces gens-là n’obtiendront pas d’autres moyens
pour se loger. »
Le parti vert démocratique dénonce un manque de planification
Selon Dr. Frank HABINEZA, cofondateur et président du Parti vert démocratique, député au parlement rwandais, les démolitions et expulsions en cours sont mal faites. Il a souligné les conséquences néfastes pour la population mise en situation précaire.
« Je peux dire que nous assistons cette semaine à un phénomène qui n’est pas nouveau au Rwanda. C’est arrivé dans le passé. Vous vous souvenez d’un maire de la ville de Kigali qui s’appelait Théoneste MUTSINDASHYAKA ? Il avait dit qu’il allait démolir les maisons qui sont comme des nids d’oiseaux, ce qui a énervé beaucoup de gens à l’époque… Mais la question majeure est la façon dont les démolitions sont en train d’être faites. Comment peux-tu demander à une personne de quitter sa maison sous 15 jours sans lui indiquer où aller ? On a donné 50 mille francs rwandais aux locataires et aux propriétaires 90 mille francs rwandais pour aller louer ailleurs ! C’est difficile de trouver une maison à louer pour ce montant. De plus, selon ce que dit la population, les autorités n’ont pas respecté cette période de préavis. Ce n’est pas tout le monde qui a pu être relogé dans les écoles ou autres établissements temporaires, Ils sont nombreux à avoir été accueillis par les familles et les amis et d’autres dorment dehors dans le vent et sous la pluie. Ils ont commencé à vivre comme des refugiés, ils sont traumatisés. La ville de Kigali devrait d’abord faire une bonne planification, prévoir les endroits où les gens iront après avoir quitté leurs maisons, ainsi les gens qui ne voudrons pas déménager seraient alors considérés comme récalcitrants. Il fallait faire comme on a fait pour déménager le Parc Industriel. C’est un processus qui a duré 3 ans et tout le monde était satisfait. Ce qui se fait actuellement témoigne d’un manque de planification. Nous avons actuellement un ministère qui doit être scindé en trois parties. Le Ministère des finances et planification économique doit être scindé en 3 ministères distincts notamment les finances, l’économie et la planification. La solution se trouve là et je crois que l’Etat nous écoute en ce moment. »[12]
Un avocat d’origine rwandaise : beaucoup de questions restent sans réponses
Selon la loi rwandaise qui détermine les procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique dans son article 3, paragraphes 1 et 2, il est prévu que seul l’État est habilité à ordonner l’expropriation pour cause d’utilité publique et que l’expropriation n’a lieu qu’aux seules fins d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnisation.
Dans une situation ou les autorités locales fuient les journalistes et que les ordres de démolir et de chasser les anciens occupants des « zones à risque » viennent des hautes instances du gouvernement, beaucoup de questions restent sans réponses :
- Si l’objectif est de protéger les gens, pourquoi le gouvernement ne loge-t-il pas ces gens, pourquoi les laisse-t-il sans abri ? Pourquoi détruit-il leurs maisons ?
- Comment seront-ils indemnisés alors que leurs propriétés n’existent plus et qu’elles n’ont pas été évaluées avant d’être démolies ?
- Pourquoi au lieu de reloger les gens la priorité est la démolition des habitations ?
Um’Khonde Patrick HABAMENSHI : “Ceux qui ignorent l’histoire ne manqueront pas de la répéter.”
Personnalité publique rwandaise, Habamenshi a fait le rapprochement de ce qui vient de se passer à Kigali avec la destruction dans les années 1960 d’Africville au Canada et les excuses que le maire d’Halifax a fini par présenter en 2010. Il a souligné que « ceux qui ignorent l’histoire ne manqueront pas de la répéter. Quand je vois les expulsions des citoyens des quartiers pauvres à Kigali, quand je vois les familles désespérées, la désolation qui suit, l’impuissance de ces familles qui voient leurs vies voler en éclats à coups de marteau et de burin, quand je vois l’indifférence généralisée devenue la marque de fabrique des citoyens de notre capitale à la croissance si rapide et la rationalisation sans vergogne que plusieurs donnent à ces actions inconsidérées, je ne peux que penser à une autre injustice similaire qui a eu lieu en Nouvelle-Écosse, au Canada, dans les années 1960: les expulsions d’Africville, un quartier à prédominance noire d’Halifax. L’événement a été et est toujours qualifié de raciste. Le maire d’Halifax s’est par ailleurs excusé pour les délocalisations brutales et la destruction d’Africville en 2010, près d’un demi-siècle après les événements. »
Le 13 août 2019, le Financial Time titrait Rwanda : même les chiffres sur la pauvreté suivent la ligne de Kagame. Le programme de démolition des habitations dans les zones à risque vient s’ajouter à une longue liste des programmes qui suivent la ligne du président rwandais, peu importe la brutalité ou le coût humain derrière. En 2011 c’est le programme « Bye Bye Nyakatsi », politique de destruction des maisons à toit de paille lancée en 2007, qui avait tourné au désastre humain. Ce programme présente des similitudes avec l’opération de démolition en cours. Les deux mettent en exergue l’effort de l’Etat rwandais pour masquer les signes visibles de la pauvreté au Rwanda, les difficultés à se procurer une maison aux normes pour les classes moyennes inférieures et pauvres rwandaises et enfin la violence de la machine étatique.
Sur les réseaux sociaux, une partie des Rwandais a fait le lien avec le prochain sommet de Commonwealth, le CHOGM 2020, stipulant que les autorités rwandaises veulent offrir à la presse internationale lors de ce sommet l’image d’une ville propre, une capitale aux airs européens, une ville qui aurait réussi à combattre la pauvreté ! Les Rwandais s’interrogent sur l’impact à long terme des personnes dont les habitations ont été détruites et si un jour la ville de Kigali, à l’instar de la ville de Halifax, présentera des excuses.
Constance Mutimukeye
[1] https://youtu.be/gEcLao-Cgs4
[2] https://www.bbc.com/gahuza/50844144
[3] http://igihe.com/amakuru/u-rwanda/article/ababa-barigabije-ibishanga-basubire-inyuma-tutarajya-mu-mitsi-minisitiri-shyaka
[4] https://imvahonshya.co.rw/tumenye-itegeko-rigenga-umujyi-wa-kigali/
[5] https://www.abaryankuna.com/igitangaza-pudence-rubingisa-wa-mugabo-wahombeje-leta-arenga-miliyari-yagizwe-umuyobozi-wumujyi-wa-kigali/
[6] http://www.uruvugiro.com/2018/04/05/abbas-mukama-yavuze-ko-atiyumvisha-uburyo-urukiko-rwarekuye-pudence-rubingisa-wahoze-ari-umuyobozi-wungirije-wa-kaminuza-yu-rwanda/
[7] https://www.umuseke.rw/rubingisa-pudence-niwe-utorewe-kuyobora-umujyi-wa-kigali.html
[8] http://igihe.com/amakuru/article/abasakuza-ngo-ntabwo-mukwiriye-kuvana-abantu-mu-bishanga-bazategereze-igihe
[9] https://www.youtube.com/watch?v=87pkfeZDlL8
[10] https://twitter.com/intwarane/status/1208720262847455235