Par Constance MUTIMUKEYE
Hier le 16 Juillet 2020, dans la soirée, on apprenait la libération de Fred Barafinda Sekikubo. Cet homme politique atypique s’était beaucoup démarqué fin 2019 et début 2020 par ses prises de positions dans lesquelles il dénonçait les démolitions des habitations des pauvres à Kigali et l’injustice sans fin dont subit le peuple rwandais. Ces prises de parole lui ont valu d’être amené le 12 février 2020 à l’hôpital psychiatrique de Ndera par l’Office rwandais d’investigation, le RIB. Après 5 mois de détention illégale dans cet hôpital c’est ce même RIB qui l’a ramené à son domicile. A l’inquiétude et interrogations de ses nombreux sympathisants sur son état de santé, l’homme politique y répond dans une brève interview accordée à la chaine en ligne Umubavu TV.
Barafinda a commencé par dire qu’à l’hôpital ’il vivait dans des conditions inquiétantes mais sans les expliquer en détail. Fidèle à lui-même il a tout de suite eu une pensée pour les plus démunis que dans cette situation en s’interrogeant à haute voix : « Si en sachant lire et écrire cela a été difficile pour moi, ceux qui ne savent pas le faire ne sont-ils pas en grande difficultés ? ». Il a expliqué que sa libération ne signifie pas la fin des difficultés car il va devoir y retourner toutes les deux semaines. Pour lui rien ne peut justifier cela et il trouve que c’est en dessous de tout.
A la question de savoir s’il est vraiment fou comme l’avait annoncé le RIB en rendant public sans l’accord de sa famille les résultats des examens médicaux, Barafinda a demandé au journaliste d’Umubavu TV s’il y existait une machine qui mesurait cet état mental et de conclure que “tout cela est histoire inventée, ce n’est pas vrai». Il a pris pour témoin le journaliste d’Umubavu TV qui le connait bien en lui demandant s’il le trouvait fou : « Je suis le même Barafinda, rien n’a changé, sauf s’il y a un autre Barafinda qui n’est pas authentique».
Interrogé sur qui a payé les frais d’hospitalisation, Barafinda a répondu que : «C’est celui qui m’y a conduit et dans ses intérêts, il a payé les frais d’hospitalisation et il s’est payé ». Il a précisé que : « ce n’est pas ma femme, mes enfants, mes amis, les Rudiens ou Rudiennes (membres de son parti politique RUDA ) qui m’y ont conduit ».
Barafinda a préféré ne pas répondre à la question sur les médicaments qui lui auraient été admnistrés, à la place il a convie Théoneste Nsengimana à venir pour qu’ils en discutent longuement et qu’il puisse lui montrer les preuves.
Pour ses sympathisants, il leur a rassuré en leur disant que : “Je suis là, je me porte bien, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Dieu m’a protégé, me protège et me protègera toujours, il a fait un miracle, c’est un bonheur sans fin”.
Interrogé sur la suite, notamment s’il va continuer à faire de la politique, Barafinda a répondu que : “La politique est ma vocation, j’ai vécu un demi-siècle, la politique sera mon unique métier jusqu’à ma rencontre avec Dieu et je lui remercierai de m’avoir donné l’inspiration pour faire de la bonne politique”. Il a terminé en remerciant ceux qui ont aidé sa famille pendant son absence en disant qu’ “ils ont aidé là où je ne pouvais pas le faire, maintenant que je suis là on savourer ce bonheur”.
Sa femme qui s’est battue pour la libération de son mari a exprimé sa joie et a répété les mots de son mari « Dieu a fait un miracle », elle a confié à Theoneste Nsengimana, qui a passé quelques semaines en détention, comment cela avait été difficile pour elle : « Tu es passé par là, tu sais dans quel état la femme se trouve lorsque son mari n’est pas là ».
Barafinda est libéré mais pour combien de temps ? En effet il compte ne pas se taire et obéir aux ordres de la dictature.
Constance Mutimukeye