RWANDA : APRÈS LA DÉMOLITION DE LEURS HABITATIONS, ILS SONT EXPULSES DE LEUR CAMPEMENT

Par Constance Mutimukeye

Après avoir vu leurs habitations sauvagement démolies en février 2020, les nouveaux sans abris ont été brutalement expulsés de leur campement établi sur leurs anciennes parcelles par la police rwandaise ce mardi le 31 aout 2020.[1]

En février 2020, les autorités de Kigali ont démoli les habitations d’une partie de résidents du secteur de Remera à Kigali car elles auraient été situées près d’un marécage et n’auraient pas respecté les normes environnementales. Les autorités locales avaient promis aux occupants des maisons démolies de payer pour eux un loyer provisoire en attendant que d’autres maisons leurs soient fournies.

Une partie de ces familles dit être en danger aujourd’hui car le gouvernement rwandais n’a payé pour eux que deux mois de loyer et les familles ont été expulsées de leurs locations et sont revenues camper dans leurs parcelles. « Ils ont pris en charge le loyer de mars et avril, à partir du mois de mai les propriétaires ont commencé à nous expulser » ont raconté les concernés à BBC-Gahuza.  « C’est pour cela qu’une partie des habitants est revenue camper là où se trouvait leur maison ».

Les autorités locales n’ont pas vu d’un bon œil cette réoccupation et ont décrété que c’était une forme de “manifestation” elles ont alors fait appel à la police « armée » [selon les habitants] qui est venue disperser le campement. Dix personnes qui étaient vues comme des meneurs ont été emprisonnés : « Ils les ont embarqués nous ne savons pas vers où, nous ne savons pas ce qu’ils vont leur faire ni s’ils vont revenir en paix », a raconté un habitant à BBC-Gahuza.  Néanmoins ces personnes ont fini par être libérés dans la nuit de mardi toujours selon une partie d’habitants.

Sur l’indemnisation, les habitant ont raconté à BBC-Gahuza que : « Le dirigeant du secteur nous a dit que nous ne serions pas indemnisés [faisant référence à leur bien démolis par la ville de Kigali], que les terres appartiennent à l’Etat rwandais, que nous ne pouvons plus rien attendre ici ».

Ce programme de démolition est vaste et a laissé sur le carreau plus de 4000 familles rwandaises faisant partie de la classe moyenne et pauvre qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans abris.

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En principe selon la loi rwandaise lorsqu’un citoyen doit être exproprié, il devrait bénéficier d’une indemnité préalable et d’un délai de 120 jours. L’Etat rwandais est hors la loi.

Constance Mutimukeye


[1] https://www.bbc.com/gahuza/amakuru-53995510?fbclid=IwAR1-K-kgOiatubFfvsnTrpCeVTfMO3vr1tVHyEZHLgc60Bt41tpJBmk6GII