ENTRE 1000 et 1500 FAMILLES BIENTÔT MISES A LA RUE AU RWANDA

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Le 09 mars 2020, la ville de Kigali a annoncé qu’elle va bientôt procéder à l’expulsion de plusieurs familles habitants dans les zones qu’elle considère être à « risque d’inondation ».  Le nombre des familles concernées se situe entre 1000 et 1500 familles alors que la ville prévoit de construire pour le mois de Juin seulement 392 habitations. L’annonce a été faite dans une conférence de presse ce lundi 09 mars 2020, notamment par le ministre de l’Administration locale Professeur Anastase SHYAKA et le maire de Kigali Pudence RUBINGISA[1], les mêmes qui étaient à l’œuvre dans les démolitions brutales  et  la mise à la rue dans des conditions précaires de 6000 personnes en décembre 2019. Il apparait de plus en plus que ceci est un vaste programme de nettoyage des pauvres de la ville de Kigali, en vue du prochain sommet  de Commonwealth qui se tiendra à Kigali au mois de juin, le CHOGM 2020.

Comme pour le mois de décembre, les autorités avancent vouloir « protéger » la population du risque d’inondation,  de ce fait le « déménagement forcé », qui s’était traduit en décembre 2019 par des démolitions brutales, sans que les occupants des habitations concernées aient été prévenus et effectuées par des citoyens ordinaires,  dont les images avaient rappelés les pages sombres de l’histoire du Rwanda et avaient provoqué la détresse chez les Rwandais, va se faire dans l’urgence à cause des fortes pluies annoncées prochainement par le service de météo du Rwanda.

Le ministre de l’Administration locale Professeur Anastase SHYAKA est lucide sur la nature de l’opération en parlant d’ « un plus grand danger » et  ne cache pas ses menaces à l’endroit des journalistes en leur demandant de ne pas faire leur métier d’informer et en leur dictant la ligne qu’ils devraient suivre : «Faire déménager les citoyens c’est  dans le but de leur protéger en les expulsant de leur quartier, qui aurait pu les mettre dans un plus grand danger s’il était inondé.  Il n’y a pas de lien avec un autre quelconque  intérêt commun. Que personne n’utilise ces déménagement forcés pour  faire le lien avec un autre intérêt car elle sera considérée comme étant en train de menacer la sécurité du pays et des citoyens ».  

A noter que certaines zones annoncées, les zones dites « Bannyahe », comme pour décembre 2019, les habitants faisaient de la résistance depuis deux ans en refusant d’être expropriés sans être indemnisés à la hauteur de leurs biens. Le journaliste rwandais qui travaille en exil Marc MATABARO  avait rappelé ce fait en décembre 2019 sur Facebook : « ce qui est le plus triste c’est qu’une partie de ces citoyens dit qu’ils avaient les titres fonciers, qu’ils payent leurs taxes foncières. Comment l’Etat rwandais peut-il expliquer qu’il perçoit les taxes foncières des zones qu’il considère comme à risque ? Les autorités auraient dû demander aux habitants de partir au lieu de donner des titres des propriétés et de percevoir des taxes foncières puis de démolir leurs habitations. J’ai vu que les habitants du quartier de Bannyahe, qui demandaient une compensation avant d’aller louer dans les appartements de Denis KARERA ont vu leurs habitations détruites, cela résout le problème de l’indemnisation et ils n’ont plus que le choix d’aller louer dans les appartements de Denis KARERA [NDLR : ancien chef de la police rwandaise, il est devenu homme d’affaires et est le frère du ministre de la Justice Johnston Busingye]. ».

Les larmes de cette mère de quatre enfants, elle venait de gagner 1000 Frw (1€) par un petit job, les autorités rwandaises l’avaient mise à la rue avec ses enfants. Avec ses mots, elle disait : ” Je n’ai nulle part où aller je vais dormir dehors avec mes enfants sous la pluie, c’est notre seule alternative.

C’est peut-être pour cela que le ministre a interdit fortement de faire un lien autre que celui de l’intérêt de futures victimes du groupe de personnes du FPR qui s’accaparent les richesses du Rwanda.

Il a conclu son discours menaçant en appelant  les diverses institutions de collaborer avec l’Etat rwandais en étant « solidaires » dans ce qu’il a appelé « le front » pour protéger les Rwandais dans le cadre des potentielles inondations.

Quant à la ville de Kigali, elle a déclaré qu’aucun fond n’a été provisionné pour ce programme de « déménager » ceux qui habitent les zones à risques d’inondation. La ville a seulement prévu 80 millions de franc rwandais (environ 75000€) pour payer les loyers de ceux qui habitent  les  quartiers de Kimisagara et Gitega (les zones autour du Canal de Mpazi), une partie de quartiers de Gatsata, Gikondo,  Kimihurura (dans l’endroit dit  Myembe),  Kangondo, Mulindi (le lieu-dit au 12ème km), Rwampara et une partie de Nyarutarama…

Selon Pudence Rubingisa, l’homme de Paul Kagame et actuel maire de Kigali, les familles qui seront forcées au déménagement sont entre 1000 et 1500 familles alors que la ville de Kigali prévoit de construire 392 maisons pour y faire loger toutes les familles qui seront déménagées et ce pour le mois de Juin 2020 au plus tard.  Selon lui : «Il n’était pas prévu que d’autres citoyens soient déménagés dans le cadre du programme de protection ».  Cette déclaration est-elle un aveu que les 392 maisons étaient en réalité prévues pour ceux qui vivent à la rue depuis que leurs habitations ont été démolies en décembre 2019 ?

Pour rappel, voici ce que le ministre Shyaka avait déclaré  en décembre 2019: « 6 000 personnes ont été expulsées de leurs habitations : 1 500 personnes ont été logées dans des locations prises en charge par l’État rwandais, 300 personnes ont étés logées dans des classes d’écoles et 4 000 personnes sont logées par leurs voisins ou familles »

Nous vous recommandons de lire cet article qui revient en longueur sur les évènements de décembre 2019.

RWANDA : CACHEZ- MOI CES PAUVRES QUE JE NE SAURAIS VOIR!

Constance Mutimukeye


[1] https://www.igihe.com/ubuzima/article/umujyi-wa-kigali-ugiye-kwimura-imiryango-isaga-1100-kubera-imvura-ikomeye