RWANDA : LE CENTRE D’IWAWA A RENDU KUBWIMANA CHARLES HANDICAP A VIE

Par Constance Mutimukeye

Pour HRW, « Le Rwanda devrait cesser d’enfermer les pauvres ». C’est le titre de l’articlé publié ce 21 décembre par Lewis Mudge, le Directeur de l’Afrique centrale de l’organisation militant pour le respect des droits de l’Homme. Ijisho ry’Abaryankuna revient sur le cas de Kubwimana Charles, un de ces pauvres, ce jeune homme est victime de ces détentions illégales. En effet il a été enfermé dans le centre d’Iwawa, à suite des coups qu’il y a reçus il est handicapé à vie.

Kubwimana Charles a le cou brisé à vie (voir la photo). D’après le journal en ligne Umuryango.rw[1], Kubwimana qui habite dans le secteur de Ruhango (Au centre du pays) a commencé à raconter son histoire dans les médias en septembre 2020. En 2018 son cou a été gravement brisé après avoir été battu sévèrement au Centre d’Iwawa. Ce centre est le symbole des centres que l’on peut assimiler aux centres de détention juvénile en France sauf qu’au Rwanda les jeunes que l’on y enferme n’ont souvent commis aucun délit et leur détention n’est pas faite suite à une décision d’un juge. Ce sont des centres dans lesquels l’on enferme les jeunes qui vivent dans la rue du fait de l’extrême pauvreté qui sévit au Rwanda.

Pour en revenir à Kubwimana depuis 2018 son cou ne peut plus soutenir sa tête, et à la suite des coups reçus il ressentait des douleurs inhabituelles. L’Institut national des services correctionnels (NRS) a déclaré qu’il ne pouvait pas confirmer les dires du jeune homme mais qu’il allait enquêter. Les autorités du district de Ruhango se chargent de le faire soigner, il est à ce jour suivi à l’hôpital King Faisal. Ce suivi médical bien qu’utile pourrait ne pas empêcher le jeune homme à rester handicap à vie.

Le cas de Kubwimana n’est pas isolé car selon HRW, leur rapport de Janvier 2020 : « A documenté que le centre de transit de Gikondo à Kigali opère de fait comme un établissement de détention, où des enfants – dont certains d’à peine 11 ans – sont sous-alimentés, frappés et détenus pendant des périodes allant jusqu’à six mois dans des salles surpeuplées et insalubres, sans avoir été inculpés ou sans avoir vu un juge, un avocat ou un tuteur. »

Toujours selon HRW, la cour régionale des droits humains a prononcé ce 4 décembre : « un jugement défendant les droits des personnes considérées comme des « vagabonds » par l’État. Le jugement, rendu en réponse à une demande de l’Union panafricaine des avocats, a conclu que les lois permettant le déplacement de force ou l’arrestation sans mandat d’une personne déclarée comme « vagabonde » enfreignent la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et d’autres instruments des droits humains ».

Année après année, les autorités rwandaises continuent à prendre en otage le peuple rwandais en exerçant sur eux des violences extrêmes. En 2020, 47[2] personnes ont été victimes des exécutions extrajudiciaires par les forces de l’ordre rwandaises. Dans la même année la France a financé ce régime sanguinaire en faisant abstraction du bilan humain. La politique de non-ingérence prônée par Emmanuel Macron est un leurre pour pouvoir soutenir les dictateurs africains sans tenir compte de leur bilan désastreux sur les droits fondamentaux.

Constance Mutimukeye


[1] http://umuryango.rw/amakuru/mu-rwanda/article/kubwimana-inkoni-yakubitiwe-iwawa-zatumye-urutugu-rufatana-n-ijosi

[2] https://www.rwandanlivesmatter.site/#/numbers