Un mois sans toi !
Tout était si vite
Depuis Kibeho si sainte
L’année quatre-vingt et une
Que Maman était heureuse
Quand Papa offrait une rose.
Un Saint était vraiment né
Un garçon joliment teint
Au cœur d’or finement peint
Ô quelle voix ! Ô Quel timbre!
Mais qui a su que c’était toi ?!
Certains prédiront un hasard
Ils inventeront un polar
Pour qu’ils racontent ta vie
A ceux qui n’ont pas envie
De voir qu’aujourd’hui tu vis.
Jeune tu échappas à la mort
Ton cher Papa qui t’aimais, non
Sa mort te blessa à fond
Ce génocide qui te voulait mort
N’emportera pas ton cœur d’or.
C’est par doigts sur piano
A la voix ténor et soprano
Que tu appelas tous et moi
De laisser la haine et l’émoi
Pour l’amour et pour la croix.
De Paris à Bruxelles
De Kigali à Kibeho
Tu vas chanter l’amour
Tu vas prêcher la paix
Car ainsi était Kizito.
Tu oseras dire
La phrase non dite
Par ceux qui nous mentent
Qui n’ont pas peur de honte
Et de courage contre le mal.
Tu chatoyas le lion
Pour l’apprivoiser, voyons
Pour qu’au moins un jour au violon
Il change de camp de cons
Et devienne un humain profond.
Le lion rugit à toute allure
Hurla devant tout le monde
Ordonna que l’on tue sans commode
Que l’on torture sans encombre
Le Saint né pour sauver le monde.
Gardé en prison ferme
Tu ne renieras pas ta foi forte
Ta vocation plus que haute
Tu diras à l’insu de tes gardes
Que tu es moins que le message.
Tu n’as pas voulu changer
Lorsque les peureux te chargeaient
Tu es resté le même chantre
Car contre tous les vents
Tu as voulu unir tous les sangs.
Tu as chanté à voix haute
Que notre histoire était à nous
Qu’il ne fallait pas la salir par surcroît
Avec des egos ethnocentriques ou autres
Et que sans toi, je n’étais vraiment pas moi.
Ta lumière contre leurs ténèbres
Des réunions furent seulement funèbres
Nous qui espérions qu’ils allaient t’épargner
Quel fut note désarroi
Lorsqu’ ils décidèrent de t’effacer.
Avec des larmes séchées on te chante
Avec les cœurs meurtris on te célèbre
Car ton vœu sera exaucé
Et notre fête sera sans fin
Comme tu nous as laissé un film.
Voici vraiment un mois sans toi
Une année viendra sans ta voix
Mais ne pleure pas on est là
Chante encore comme avant
Pour que tu sois toujours grand.
© Kayinamura Lambert